L’Académie de Médecine a récemment publié un communiqué de presse afin d’informer des risques cutanés liés à l’utilisation des lampes à rayons ultraviolets (UV) utilisées pendant la pose d’un vernis semi-permanent. On fait le point.
L’Académie de Médecine a récemment publié un communiqué de presse afin d’informer des risques cutanés liés à l’utilisation des lampes à rayons ultraviolets (UV) utilisées pendant la pose d’un vernis semi-permanent. On fait le point.
Comme indiqué dans le communiqué, le secteur des soins des ongles a connu un développement important ces dix dernières années avec notamment l’arrivée sur le marché du vernis semi-permanent. Son succès n’a rien d’étonnant. Sa tenue peut en effet résister jusqu’à trois semaines, sans s’écailler, contre seulement quelques jours pour le vernis classique. Une belle prouesse oui, mais pas sans conséquences selon l’Académie de Médecine, du moins si certaines préconisations ne sont pas respectées. On vous explique pourquoi.
Que révèle exactement l’Académie de Médecine ?
Comme vous le savez, la pose d’un vernis semi-permanent nécessite l’utilisation d’une lampe combinant UV (au moins 48 watts) et diode électroluminescente (LED) afin de sécher et de fixer les quatre couches dev ernis appliquées. C’est cette lampe qui fait l’objet d’une mise en garde de l’Académie de Médecine et de recommandations avant usage. En effet, elle émet des rayons UV de type A (UVA) qui pénètrent dans la peau. Ils sont connus pour favoriser le vieillissement cutané mais également le développement de certains cancers de la peau. Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a d’ailleurs classé les UVA comme cancérogène du groupe 1.
Une étude expérimentale récente* a consisté à placer une de ces lampes UV/LED sur trois types de cellules de la peau : des fibroblastes embryonnaires de souris ainsi que des fibroblastes et des kératinocytes humains. Cette étude démontre que l’irradiation de ces trois types de cellules via une lampe UV/LED utilisée lors de la pose d’un vernis semi-permanent induit des mutations typiques des UVA. En d’autres termes, elle apporte des preuves concrètes sur le risque cancérigène de l’usage de ces lampes.
Selon l’Académie de Médecine, le « risque semble avant tout lié à trois facteurs : l’âge jeune de début d’utilisation (en moyenne 20 ans), la fréquence rapprochée des expositions (en moyenne de 5 à 6fois par an) et l’exposition durant plusieurs années ». Il est également précisé dans le communiqué que l’effet cumulatif des expositions auxUVA représente le risque majeur. De plus, il peut être aggravé par le terrain : peau claire, immunodépression, etc.
Enfin, l’Académie de Médecine préconise la réalisation d’études épidémiologiques permettant d’évaluer le risque de carcinome cutané(appelé aussi cancer de la peau non mélanome) induit par la répétition fréquente de ce type d’irradiations sur une longue durée.
Quel discours tenir à vos clientes ?
Il est important entant que professionnels de l’esthétique d’être au courant de ces informations afin de donner des recommandations à vos clientes mais également de pouvoir répondre à leurs interrogations et les rassurer. Outre les mises en garde précédemment évoquées, l’Académie de Médecine a aussi donné plusieurs consignes à destination des professionnels et du grand public afin de réduire les risques. Les directives sont les suivantes : appliquer une crème solaire avec une protection UVA vingt minutes avant l’exposition des mains aux lampesUV/LED ; établir un recensement du nombre d’appareils vendus afin de pouvoir estimer l’évolution du marché et joindre obligatoirement à chaque technologie un message d’alerte et des recommandations ainsi que développer des campagnes d’information à destination des professionnels et du grand public.
* Zhivagui M et al., DNA damage and somaticmutations in mammalian cells after irradiation with a nail polishdryer, Nature Communications, 2022 ; 276 : 1-14. Published on line : January17, 2023.